Fantasme de Seb Mix, égoutier.
Seb Mix, issue d’une famille singulière, naquit en Moselle, région minière. Son père, homme très courageux, subvenait aux besoins de sa famille, par son travail dans une des dernières mines de charbon de sa région. Bien sur, cette petite famille avait connu plusieurs déménagements, corrélatifs à la fermeture de chantiers d’exploitation. Sa mère et ses frères, acceptaient ces contraintes avec aisance, et Seb s’adaptait avec beaucoup d’aisance, bien qu’il ne fut que peu brillant sur le registre scolaire. Mais quelle importance, lorsque les seules questions qui le tourmentaient, relevaient de sa future notoriété, celui surnommé mixeur Seb rêvait en secret des aventures de « Mister Seb ».
Adulte, il n’avait pu rejoindre ses frères aux chantiers miniers, pour inaptitude. Selon le Responsable des ressources humaines, Il n’imprimait pas les consignes et directives, mettant dans l’impossibilité de l’affecter à un poste de travail, sans la présence « d’un mine » pour simuler chaque opération. Dans sa bienveillance, le RH lui aurait suggérer de migrer, pour contrecarrer, sa difficulté d’assimilation de consignes. Ce judicieux conseil faisait son chemin. C’est ainsi, que lassé de sa condition de demandeur d’emploi, il s’expatrierait, vers l’Angleterre, voyage moins onéreux que les USA. Une année plus loin, il se retrouva dans un foyer de Londres. Très enthousiaste, il cherchait un emploi, avec un aidant de son foyer des jeunes travailleurs. Et, coup de chance, deux jours après son arrivée à Londres, il était égoutier, je traduis Sewer Worker. Sa mission était simple, curer les canalisations, même les barrières de la langue n’existaient plus, on mimait les gestes répétitifs à accomplir. Ce fut le début de sa célébrité, ses acolytes l’appelaient Mister Seb. Plus tard, un ouvrier d’origine parisienne, notre Titi, lui expliquait « tu vois, tu réussis dans ta mission, comme le dicton « le pied droit dans la m.***e, ça porte bonheur ». Seb se rassurait, lui tous les jours, les deux pieds dedans, sa réussite était garantie. Pourtant, cette triste année 2013, la veille de notre férié la Toussaint, lors d’un chantier de cure d’égouts, attribué en solo « promotion affichée », égaré dans le réseau, il fit appel à son encore bien fidèle Titi, nouvellement promu, chef de chantier, pour la conduite de sa mission. Que de cris d’effroi, une déferlante d’injures que notre Mister Seb, ne saurait traduire, si loin du politiquement correct, furent hurler par le chef de chantier. Les raisons, qu’il eut tant de mal à comprendre, étaient si banales. Seb avait tout naturellement curé, avec grand soin, l’intégralité du réseau imparti, déversant la totalité des déchets dans les bouches de ventilation d’un métro sous terrain. En conséquence les lignes stoppées, suspicions de risques d’éboulement, le protocole d’urgence enclenché, des experts, des assureurs, des avocats, des médias, tous mobilisés sur cet « accident ». Sa notoriété fut assurée, bien supérieure à son imaginaire, mais bien différente de celle dont il rêvait. Il rentra en France, retrouver ses parents, pestant sur son sort, cherchant des coupables. De toutes ces nuits d’insomnies, le RH des mines et ses dictons, totalement faux, avait ruiné sa vie. Il clamait à qui veut bien entendre « moi, j’ai été dans la m.***e, jusqu’au cou, et ce n’est pas la chance, au bout du tunnel, je n’ai reçu que honte, humiliation et mépris. Je hais les dictons, je renonce à toute culture, je reste à tout jamais, Seb Mix, rien de plus… et je n’existerais plus pour vous.